December 26, 2022
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Les clés pour un travail hybride socialement responsable

Créer un socle minimum de 24 jours de télétravail par an, mettre en place un "titre télétravail", ou encore lutter contre la culture du présentéisme: Terra Nova formule une série de propositions pour un "travail hybride socialement responsable", dans un rapport publié en octobre.

Les clés pour un travail hybride socialement responsable

Le "think tank" (groupe de réflexion) marqué à gauche part du constat que le travail à distance provoqué "à marche forcée" par la pandémie de Covid-19 "est là pour durer". "Passé le temps de l'urgence et de l'improvisation, il est temps de prendre un peu de recul", ajoute-t-il.

Parmi ses 86 propositions, le rapport suggère notamment la mise en place par un accord national interprofessionnel d'un socle annuel minimum de télétravail fixé "à 24 jours (comme en Allemagne)", si les tâches des salariés et les activités de l'entreprise le permettent.

Socle annuel de 24 jours minimum

Les auteurs plaident pour la création d'un « droit effectif au télétravail opposable à l'employeur ». Objectif, redonner du pouvoir aux collaborateurs face à des entreprises parfois réticentes au travail à distance dans un contexte de « culture du présentéisme » et d'« idées fausses parfois fortement ancrées », déplore le rapport. Il faudrait donc créer « une forme d'ordre public social en matière numérique qui s'imposerait à l'ordre conventionnel et à l'ordre contractuel » peut-on y lire.

Titre télétravail

Il évoque aussi la création d'un "titre télétravail" pour "inciter les entreprises à faciliter l'accès de leurs collaborateurs à des espaces de travail partagés et leur donner ainsi le choix du lieu de travail (sur site, dans un tiers-lieu ou à domicile)".

Le rapport suggère aussi de lutter contre la culture du présentéisme "encore trop profondément ancrée dans notre pays" ou recommande aux employeurs qui peinent à recruter ou à garder leurs salariés de s'interroger sur la place donnée au travail à domicile, "souvent peu développée".

Les auteurs relèvent également que "71% des dirigeants d'entreprise n'ont pas prévu une formation des managers" aux pratiques adaptées au travail hybride, pointant un risque d'une transition managériale qui risque de "s'encalminer".

Ils invitent aussi les entreprises à revoir leurs "rituels sociaux" (pauses, réunions...) pour les adapter au travail hybride.

Parmi leurs nombreuses propositions, ils suggèrent encore d'annexer aux accords télétravail un droit à la déconnexion ou d'établir la possibilité pour tout salarié de faire connaître son souhait non satisfait de télétravailler - au sein d'une commission de suivi dans les entreprises de plus de 50 salariés, auprès des syndicats ailleurs.


Les principales propositions du rapport Terra Nova sur le télétravail : 

  • Mettre en place un socle de deux jours de télétravail par mois obligatoire
  • Mettre en place un "titre télétravail"
  • Annexer aux accords télétravail un droit à la déconnexion 
  • Former les encadrants au management à distance
  • Mieux prendre en charge les enfants des télétravailleurs
  • Prévenir les risques psycho-sociaux liés au télétravail notamment via la pratique du coworking ou encore la mise en place de rituels sociaux formels (pauses en équipe, réunions hebdomadaires…)
  • Conduire en synergie la réflexion sur les dispositifs de TAD à proposer et les formules flexibles de temps de travail. Les deux problématiques sont en effet interdépendantes.
  • Structurer la communication descendante pour éviter que les télétravailleurs en soient exclus.
  • Dans les périodes de pandémie et après une période d’avertissement, mettre en place un dispositif d’amende administrative de 2.000 € par salarié volontaire non placé en télétravail.
  • A l’inverse, une direction d’entreprise qui imposerait un TAD à 100% (plus de quatre jours par semaine) ne pourrait le faire sans un avis positif et écrit du médecin du travail suivi d’un avis motivé du CSE lorsqu’il existe ou d’un référendum d’entreprise.
  • Développer une politique sur la prise en charge des frais professionnels liés au télétravail, qui ne devraient pas peser sur les salariés.
  • Intégrer le travail à distance dans les plans d’action et les politiques d’égalité entre les femmes et les hommes.


Télétravail : quel cadre juridique dans les pays d'Europe?

D'après le rapport de Terra Nova, certains pays européens ont légiféré pour imposer le télétravail à l’employeur. C’est le cas en Allemagne en particulier, où a été instauré un droit au télétravail pour au moins 24 jours par an, si les tâches des salariés et les activités de l'entreprise le permettent. Les employeurs allemands seraient notamment contraints d'offrir la possibilité à leurs salariés de travailler depuis leur domicile en l'absence d'une « raison professionnelle impérieuse » de venir sur le site de l’entreprise. Les Pays-Bas viennent également d’inscrire le télétravail comme un droit pour l'employé. Depuis une loi de juillet 2022, si un travail peut être effectué à distance, l’employé pourra le demander, voire l’exiger. La Lituanie et le Portugal ont également modifié leur législation sur le sujet.


Les chiffres du travail hybride en 2022 

  • 71% des dirigeants d'entreprise n'ont pas prévu une formation des managers" aux pratiques adaptées au travail hybride
  • 23% des 18-24 ans interrogés (contre 14% pour l'ensemble des salariés) ont déclaré avoir déjà démissionné à la suite d'une obligation du 100% présentiel, selon le rapport « People at Work 2022 »
  • Plus d'un quart (27%) des 18-34 ans déclarent que la flexibilité des horaires est ce qu'ils recherchent avant tout dans un emploi. 
  • Seules 19 % des entreprises françaises ont aujourd'hui adopté officiellement une politique de travail flexible. 
  • 43% des hommes se disent prêts à démissionner si le présentiel est obligatoire contre 29% des femmes. 
  • Les secteurs les plus sensibles à cette exigence sont les médias et l'information (62% de salariés prêts à démissionner si l’accès au télétravail est fermé) et l'immobilier (56%). 
  • Seules 22 % des entreprises considèrent que ne pas offrir de possibilités de télétravail sur les postes qu'elles cherchent à pourvoir est un inconvénient alors que 47 % des cadres sont réticents à rejoindre une société qui n'en propose pas, selon l’enquête sur le marché de l'emploi des cadres publiée par l'Apec en janvier 2022. 
  • Plus des trois quarts (76 %) des responsables RH pensent que « proposer des modalités de travail hybride est important, voire indispensable »
  • 75 % des salariés estiment que leur entreprise sait mixer présence et distance pour bien travailler, selon l’enquête HappyIndex At Work 2022, menée par ChooseMyCompany auprès de 50.939 collaborateurs. 
  • 78 % d’entre eux considèrent que le travail hybride leur permet de se sentir performants, une hausse de dix points par rapport à 2020 selon l’enquête HappyIndex At Work 2022, menée par ChooseMyCompany auprès de 50.939 collaborateurs. 




Edmée Citroën

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